En cette année 2022, nous fêtons trois anniversaires :

En effet, il y a 35 ans, fut créé le programme Erasmus, né de la colère d'une étudiante italienne, Sofia Corradi, qui avait été obligée de recommencer ses études car sa formation n'était pas reconnue dans les autres pays européen. Aujourd'hui Erasmus, de l'acronyme anglais European Region Action Scheme for the Mobility of University Students et du nom latin d'Erasme, humaniste hollandais, s'est élargi à des populations non universitaires et concerne tous les pays de l'Espace économique européen.

En outre, il y a 30 ans, naissait le traité de Maastricht, qui a permis une forte avancée de la construction européenne, notamment à travers la notion de citoyenneté européenne, et la mise en place d'une véritable Union économique et monétaire.

Enfin, il y a 20 ans, l'euro apparaissait au grand jour, remplaçant les monnaies nationales. Actuellement, l'euro est la monnaie unique de 19 Etats de l'Union européenne et de 6 Etats non membres (Andorre, Monaco, Kosovo, Vatican, Monténégro et St Marin). Cette monnaie est devenue une des grandes monnaies internationales de paiement et de réserve et a servi de bouclier à l'Europe durant la grande crise financière de 2008.

En tant que Président de la Maison de l'Europe de Gap et des Alpes du Sud depuis maintenant six années et comme militant européen convaincu, je souhaite partager avec vous certaines convictions, à la veille d'un choix crucial lors du second tour de l'élection présidentielle qui aura lieu dimanche.

Face aux  propositions faites le 13 avril dernier par la candidate d'extrême droite, lors de sa conférence de presse consacrée à la politique internationale, on ne peut rester silencieux.

Le programme de cette candidate, c'est :

- la sortie de la France du commandement intégré de l'OTAN, alors que la Suède et la Finlande sollicitent leur intégration à l'Alliance Atlantique

- la rupture de la coopération franco-allemande, pilier de la construction européenne

- un rapprochement stratégique entre la Russie et l'OTAN... une fois que l'Ukraine aura été rayée de la carte !

-  le remplacement de l'Union Européenne par une alliance d'états-nations, soit un retour à l'Europe du XIXème siècle qui a engendré deux guerres mondiales

- la dénonciation des traités européens et la remise en cause de la suprématie du droit européen, alors qu'il offre une garantie supplémentaire pour les droits des citoyens

Au moment où l'Europe cherche à s'imposer comme une véritable puissance mondiale, il serait suicidaire de mettre un coup d'arrêt à la construction européenne, notre bien commun qui ne doit pas être affaibli de l'intérieur mais être revendiqué comme un acquis et une fierté.

Une sortie de la France de l'Union européenne serait une catastrophe économique, culturelle et sociale, qui signerait la fin de la libre circulation des biens et des personnes, à terme la disparition de l'euro et la fin de la protection de l'Union européenne dans de nombreux domaines dont l'écologie, le droit du travail, la santé...

Depuis plus de 50 ans, l'Union européenne est garante de la paix sur son territoire, permet à ses citoyens d'être libre de vivre, d'étudier et de travailler partout en Europe, qui est aussi le plus grand marché unique au monde !

Le 24 avril, la France est à l'heure du choix : la France va-t-elle rester fidèle à sa vocation de membre fondateur de l'Europe ou bien, par lassitude, colère, ou dépit, va-t-elle céder aux sirènes nationalistes ?

Chacune et chacun est libre de voter en conscience.

Au moment de glisser son bulletin dans l'urne, chacune et chacun doit aussi en mesurer les conséquences pour l'avenir de notre pays et celui de l'Europe.

Jean-François COLLOMBIER, Président de la Maison de l'Europe de Gap et des Alpes du Sud.

Assistant parlementaire de M. Pierre BERNARD-REYMOND, ancien ministre et député européen.