Jeudi 20 et vendredi 21 février derniers, les chefs d'Etat et de gouvernement des 27 pays membres de l'UE n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur un projet de budget européen pour la période 2021-2027, lors du premier sommet post-Brexit.
Charles Michel, nouveau président permanent du Conseil européen, avait proposé, avec l'accord de la Commission, un budget de 1095 milliards d'€, ce qui représentait 1,074 % du revenu brut de l'U.E. Cette proposition prenait en compte le départ du Royaume-Uni, qui ampute le budget européen de sa contribution de 75 milliards d'euros. Mais le départ des Britanniques n'a en rien facilité les négociations. Les positions trop divergentes entre les Etats membres ont empêché un accord sur le prochain budget à long terme de l'Union Européenne, en raison d'une opposition entre deux blocs :
- une majorité (dont la France) qui souhaitent doter l'Europe d'un budget ambitieux avec un maintien des programmes traditionnels tels que la PAC et les fonds de cohésion.
- une minorité de blocage composée des quatre plus gros contributeurs nets par habitants (Autriche, Danemark, Pays-Bas, Suède) qualifiée de "camp des frugaux" (the frugal four). Ils défendent une enveloppe stable à 1% du Revenu national brut (RNB) européen.
Cette fracture entre contributeurs nets et bénéficiaires nets, entre pays économes et pays dispendieux, entre bénéficiaires de rabais et Etats membres priés de les financer créé une ambiance néfaste à une véritable ambition pour l'Europe qui demeure pour l'instant réduite à une discussion de marchands de tapis.
L'Union Européenne reste donc profondément divisée alors que celle-ci ferait bien de resserrer les rangs car la question migratoire refait surface aux frontières de la Turquie et la guerre en Syrie impose une diplomatie commune d'une vraie puissance européenne.
Jean-François Collombier, président